Le terme «compétence» a longtemps été cantonné au monde de l’entreprise. On considère comme compétente une personne qui a de l’expérience et qui sait affronter une situation nouvelle. En insérant le terme «compétence» dans les objectifs de l’école, nous convenons de l’importance de développer chez les élèves «la capacité à répondre à des exigences complexes et à pouvoir mobiliser et exploiter des ressources psychosociales dans un contexte particulier» (Confédération Suisse, site consulté au mois de septembre 2013)40. Quant à Legendre (2005, p. 248)41, il définit la compétence dans un contexte pédagogique comme étant la «[c]apacité à mobiliser un ensemble intégré de connaissances, d’habiletés, et d’attitude en vue d’accomplir une opération, d’exécuter un mouvement, de pratiquer une activité, d’exercer une fonction, de s’acquitter d’une tâche ou de réaliser un travail à un niveau de performance prédéterminé en fonction d’attentes fixées et de résultats désirés ou en vue de l’accès à des études supérieures». La définition de Legendre est retenue aux fins du présent document de fondements en raison de son lien direct avec le secteur de l’éducation.
Lebrun (2007, p. 28)42 retient les propos du recteur de l’Université catholique de Louvain (Belgique), Marcel Crochet, qui stipulent que l’élève au 21e siècle doit «savoir pratiquer une démarche scientifique, manifester un sens de l’observation, de la curiosité, d’un esprit critique, et savoir penser, et être exercé à la réflexion critique. Il a appris à apprendre. Le monde du travail attend de lui qu’il soit formé au travail en groupe, qu’il manifeste initiative, curiosité et créativité ainsi qu’un sens profond de la qualité et du professionnalisme». Lors d’un entretien virtuel réalisé en août 2013 dans le cadre de la présente recension des écrits, François Guité43, du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport au Québec, a insisté sur l’importance à accorder aux «compétences parce que l’accélération de l’évolution fait que ce sont des compétences essentielles qui nous permettent de composer avec le changement». Il soutient aussi qu’il «faut arrêter de présumer que nous pouvons effectuer une normalisation de l’apprentissage dans un monde en constante évolution», mais qu’il faut voir «les compétences comme étant évolutives et adaptables». Il appert évident au 21e siècle que la pédagogie magistrale traditionnelle ne permet pas à elle seule de développer les nouvelles compétences et que les changements requis au système scolaire sont nombreux.
À la lumière des cadres de compétences recensés et étudiés, six compétences émergent de façon plus récurrente : 1) penser de façon critique; 2) communiquer; 3) collaborer; 4) faire preuve de civisme; 5) découvrir, créer et innover; et 6) développer son caractère. Demers et Galuga44 abondent dans le même sens que Giguère et Parr (2013)45 en soulignant que les compétences devraient être transformées au lieu d’être substituées en prenant comme assises des définitions précises. En d’autres mots, au lieu de substituer certaines des compétences énumérées dans les programmes-cadres actuels par de nouvelles compétences, ce qui voudrait dire de présenter des termes inconnus, il convient plutôt de reprendre les mêmes compétences, connues par les enseignantes et enseignants, mais de transformer leur définition pour les adapter à la pédagogie du 21e siècle.
Le modèle Substitution Augmentation Modification Redéfinition (SAMR)46 de Puentedura (2014) s’avère une référence théorique sur le plan de l’intégration efficace des technologies dans l’enseignement et l’apprentissage à l’ère numérique au profit de l’engagement des élèves dans l’acquisition du savoir. Ce modèle démontre de quelle manière intégrer les outils technologiques au sein des pratiques existantes en partant de la substitution et de l’augmentation des outils jusqu’à une transformation des pratiques pédagogiques en les modifiant et en les redéfinissant afin que la création de nouvelles activités se réalise dans une démarche inconcevable sans la technologie. Dans le présent document de fondements, un accent particulier porte sur l’intégration de la technologie en vue de redéfinir les compétences du 21e siècle, soit celles découlant de la recension des écrits et des entretiens réalisés.
Comme mentionné, le vocable n’est pas nouveau, mais, sur le plan de l’application des compétences, on le transforme et on le redéfinit. Ainsi, les compétences qui émergent de la recension sont intemporelles, universelles et adaptables aux divers contextes de la vie quotidienne. Ces compétences reprennent toutes les caractéristiques principales de la nouvelle pédagogie participative. Il convient toutefois de noter que le ministère de l’Éducation de l’Ontario étudie, à l’heure actuelle, l’orientation de son propre cadre de compétences qui pourrait inclure certaines des compétences découlant de la recension.