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4. Compétences du 21e siècle dégagées de la recension des écrits

Développer son caractère

La compétence développer son caractère porte différentes appellations au sein des cadres de compétences recensés. Compte tenu de son importance et de ses implications, cette compétence se révèle non seulement essentielle, mais aussi complexe puisqu’elle englobe : prendre plaisir à apprendre la vie durant, développer son intelligence émotionnelle et se montrer responsable et autonome dans ses actions.

i. Prendre plaisir à apprendre la vie durant

On a depuis longtemps compris que l’attitude la plus importante à développer chez les élèves et les intervenantes et intervenants est le goût d’apprendre et que l’un des meilleurs moteurs de l’apprentissage est la motivation. Aujourd’hui, le plaisir d’apprendre est essentiel, autant à l’école que dans la vie personnelle et professionnelle. Il importe donc de créer des occasions dans lesquelles les élèves réfléchissent, manipulent et créent des liens, de sorte qu’ils développent un sens d’accomplissement qu’ils voudront répéter et ressentir à nouveau.

Le plaisir de l’apprentissage repose également sur le plaisir de la curiosité. Il s’avère un état d’esprit découlant de l’affectivité (Clément, 2011)64. Comme l’affirment Taylor et Dymnicki (2007)65, intégrer la dimension affective est essentiel dans la réussite scolaire et la vie durant de l’élève. Lorsque l’affectivité, tant dans les interventions de l’enseignante ou l’enseignant que dans les stratégies d’apprentissage des élèves, et la motivation intrinsèque sont ressenties durant l’apprentissage, elles figurent parmi les facteurs les plus influents de la réussite ou de l’échec d’une activité. Ces concepts renvoient à un savoir reconnaître, chez soi comme chez l’autre, un ressenti qui favorise l’émancipation des apprentissages. Il importe de développer, dans un univers culturel à exploiter et à enrichir, une motivation intrinsèque chez les élèves, qui se distingue par un désir de réalisation suscité par leurs valeurs, leurs croyances et leurs intérêts.

Dans le but de créer un climat affectif propice à l’apprentissage, Clément (Ibid., p. 135)66 précise de quelles manières les interventions contribuent au bien-être des élèves. En ce sens, l’enseignante ou l’enseignant pourrait :

  • montrer par son propre exemple un «savoir être » ;
  • partager des anecdotes et expériences personnelles ;
  • observer et écouter les messages verbaux et physiques des élèves pour reconnaître leurs sentiments ;
  • discuter avec les élèves et les questionner pour connaître leurs intérêts et loisirs ;
  • différencier leurs interventions pour rejoindre les besoins de chacun ;
  • développer des liens de confiance et un sentiment de bien-être pour accroître le plaisir d’apprendre et le sens d’appartenance à la salle de classe.

Dans le contexte du virage au 21e siècle, l’enseignante ou l’enseignant pourrait, par exemple, organiser un endroit agréable pour les élèves, travailler seul et en groupe, faire participer les élèves à l’organisation de la salle de classe et de son environnement virtuel, prévoir des moments de discussion en personne et sur le Web pour échanger avec les pairs sur leurs découvertes, les activités et les ressources utilisées, laisser les élèves choisir leurs activités et leurs outils technologiques puis les inviter à parler de leur activité pour développer un sens de l’engagement et d’appartenance.

Afin d’être en synchronie avec les élèves à l’ère numérique, cet environnement pourrait devenir un espace d’apprentissage technologique et mettre à la disposition des élèves et des intervenantes et intervenants de l’équipement informatique, des outils technologiques, des collections de livres numériques et des livres imprimés. La salle de classe deviendrait ainsi une aire commune où les élèves peuvent, par exemple, suivre un cours en ligne, participer à une leçon en apprentissage hybride, réaliser des activités, lire, étudier et collaborer en équipe, en personne et à distance.

ii. Développer son intelligence émotionnelle

L’intelligence émotionnelle est un concept trop souvent inexploité dans les écoles. Elle englobe la motivation, la confiance en soi, l’autonomie, la persévérance et l’empathie (Fourgous, 2012)67. L’intelligence émotionnelle permet d’établir, tant en mode présentiel que virtuel, des relations humaines qui prennent une nouvelle dimension à l’ère numérique, et qui jouent un rôle déterminant dans l’éventuelle vie professionnelle des élèves. L’intelligence émotionnelle permet d’apprendre à se connaître et à connaître l’autre, tout en renforçant les liens d’amitié et en réduisant les comportements à risque. L’intelligence émotionnelle a pour but d’établir un lien direct entre les émotions et le raisonnement (Goleman, 200368 , 201369). Ainsi, il s’agit de la capacité de gérer ses émotions et de réfléchir d’une façon posée sur les paramètres de l’état affectif et sur la manière dont ceux-ci influencent l’intention et l’attitude des élèves par rapport à l’activité (Clément, 2011)70.

Cette intelligence développe l’empathie pour l’autre et l’aptitude à se motiver, à persévérer dans l’adversité et à maîtriser ses pulsions par une démarche d’intégration progressive du contrôle de ses comportements et de la gestion efficace de ses apprentissages (Salovey et Mayer, 2004)71. Au 21e siècle, l’enseignante ou l’enseignant peut diminuer la peur des élèves plus néophytes par rapport à l’utilisation des outils technologiques et soulager l’anxiété ressentie chez les élèves stressés au quotidien relativement à l’acquisition des connaissances (Clément, Ibid.)72. En pratique, elle ou il pourrait, par exemple, responsabiliser les élèves et les conscientiser à la manière dont se crée une activité et s’utilise un outil technologique. En étant accompagnés, les élèves apprennent ainsi à poser des questions justes et pertinentes. En procédant de la sorte, ils pourraient, par exemple, produire une vidéo ou encore créer une bande dessinée à l’ordinateur. Grâce à un accompagnement différencié, en privilégiant des outils technologiques, des logiciels ou des applications en lien à apprendre à écrire, pour ne mentionner que ceux-là, les élèves apprennent mieux parce qu’ils sont respectés dans leur rythme et leur façon d’apprendre.

En lien aux compétences recensées à développer au 21e siècle, Goleman (2013)73 parle également du concept de l’intelligence sociale qui requiert des individus d’être à l’écoute et d’observer les autres pour connaître leurs besoins. Une fois sensibilisés à ses interlocutrices et interlocuteurs, les élèves peuvent en tenir compte afin d’interagir de façon efficace. Ainsi, les élèves devraient s’approprier un savoir-faire pour ressentir et décoder les besoins des autres pendant leurs échanges en présentiel et en mode virtuel. Pour reprendre, la distinction entre les deux concepts d’intelligence s’opère dans l’autogestion de ses émotions (intelligence émotionnelle) et dans la compréhension des émotions ressenties chez les autres en vue d’établir des liens symboliques et de contribuer de façon harmonieuse au développement des activités de groupe (intelligence sociale).

Fourgous (2012, p. 73)74 mentionne les nombreuses recherches à l’effet que, dans les écoles ayant intégré l’intelligence émotionnelle dans leurs programmes scolaires, les résultats observables chez les élèves sont des plus positifs, notamment :

  • « Une amélioration des compétences personnelles et sociales ;
  • Une diminution des comportements agressifs et violents ;
  • Une amélioration du climat scolaire ;
  • Une plus grande confiance ;
  • Une diminution des problèmes de discipline ;
  • Une plus grande aide entre pairs ;
  • Une plus grande participation dans les cours ;
  • Une amélioration des résultats scolaires ».

iii. Se montrer responsable et autonome dans ses actions

L’autonomie est essentielle aujourd’hui, particulièrement pour pouvoir apprendre à apprendre la vie durant et contribuer de manière positive à la société. Charles Fadel (2013)75, de l’Université Harvard et du Center for Curriculum Redesign, soutient que la compétence la plus importante à développer chez nos élèves est celle d’apprendre à apprendre tout au long de la vie. L’appropriation autonome du savoir pourrait se faire, par exemple, en suivant un MOOC (Massive Open Online Courses) par intérêt, en participant à un webinaire, en suivant un cours en ligne du curriculum de l’Ontario, ou encore, en écoutant une conférence virtuelle. «Être autonome, c’est savoir-faire, savoir ce qu’on sait faire et reconnaître les situations dans lesquelles on peut le faire. C’est être capable de prendre des décisions et de leur donner un sens (Marzano, 2011)76. C’est également savoir s’organiser, optimiser son temps et maintenir sa motivation (Fadel, 2013)77. «Être autonome à l’ère numérique, c’est également savoir se servir des outils technologiques pour s’informer, se former, apprendre, s’autoévaluer, créer et produire» (Fourgous, 2012, p. 73)78.

De même, les élèves confiants et optimistes se fixent des objectifs plus élevés et travaillent fort pour les atteindre (Bandura, 2003)79. Ils savent s’automotiver, s’adapter au changement et arrivent en général à mieux gérer leurs émotions et leur vie, car la «confiance en soi est le reflet de toutes les perceptions reçues par l’élève» (Fourgous, 2012, p. 78)80. Il est donc important de mettre en valeur les forces, les intérêts et les passions de chaque élève.

Dimmock, Kwek et Toh (2013)81 insistent sur l’éducation des élèves et sur l’importance d’une bonne santé physique et mentale afin que ces derniers soient des citoyennes et citoyens productifs et présents dans le monde du travail. Le bien-être d’une personne avec une vie saine collabore non seulement à soutenir de manière positive le système de la santé, mais aussi à mieux apprendre et contribuer.

Les compétences dégagées sont illustrées dans les schémas ci-dessous et servent de synthèse.

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À la lumière des définitions données, l’objet de ce que suit dresse un bilan des compétences.