Il arrive souvent d’entendre ou même de présumer que les élèves d’aujourd’hui n’ont pas la capacité d’attention ou de concentration que les élèves des générations précédentes. Prensky (2010)115 fait comprendre que cette attestation est fausse et que ces mêmes élèves peuvent se concentrer pendant des heures devant un film, un jeu vidéo ou un réseau social. Il fait également remarquer que ce n’est pas la capacité d’attention des élèves qui a changé, mais plutôt leur patience, leur tolérance et leurs besoins. Selon le dire de l’auteur, les élèves d’aujourd’hui devraient pouvoir choisir parmi une panoplie de médias et d’informations et avoir la possibilité de réaliser ceux qui les intéressent. Les élèves ont appris à se concentrer particulièrement sur ce qui les motive et à s’exposer aux informations et relations qui leur permettent de s’autoidentifier.
D’autre part, à l’heure où il est entendu que l’enseignement magistral ne permet pas la réussite de tous les élèves dans un environnement numérique et où les gouvernements encouragent la mise en place de nouvelles pédagogies, l’organisation des espaces d’apprentissage prend un rôle déterminant. La littérature incite à repenser l’organisation de la salle de classe afin de favoriser les interactions, la communication, la collaboration, la flexibilité et la créativité. Ainsi, la classe devrait être «conçue pour accueillir des technologies dans son espace, plutôt que pour proposer des technologies préinstallées et être subdivisée en différents espaces de travail permettant de communiquer et d’échanger sans gêner les autres élèves» (Long et Ehrmann, 2005, p.42)116.
On constate également l’importance d’étendre l’apprentissage au-delà de la salle de classe. Les cours en ligne, l’apprentissage hybride et le Web devraient donner accès à des experts et d’autres élèves partout dans le monde. L’univers virtuel réduit non seulement l’écart entre les apprentissages offerts dans les régions urbaines et ceux des régions rurales, mais permet aussi d’établir de nouvelles communications et collaborations entre élèves de différentes collectivités et différents milieux.
Bref, il serait important pour les enseignantes et enseignants, l’école et le milieu scolaire de prendre eux-mêmes une posture d’apprenante et apprenant, de prévoir des espaces de création dans les écoles afin de permettre aux élèves d’apprendre à collaborer, à découvrir, à expérimenter, à créer et à produire. La littérature rappelle que ces espaces devraient aussi servir de lieu d’échanges, de formation et de collaboration entre enseignantes et enseignants. Ainsi, le concept de salle de classe «studio d’apprentissage» se définit, par exemple, en un espace où les élèves collaborent ensemble, communiquent virtuellement avec des gens à l’extérieur de l’école, s’informent à partir de différents médias sociaux et d’une grande variété riche d’outils technologiques. En somme, la salle de classe au 21e siècle devrait servir de lieu d’échanges et de formation et physiquement se rapprocher du concept de «studios d’apprentissage», afin de susciter l’interactivité et l’innovation.
Il y aurait aussi lieu à cet égard, comme le souligne différentes études, de changer la vocation des laboratoires informatiques, actuellement trop rigides, car ils se prêtent facilement à l’enseignement magistral et limitent le temps aux utilisatrices et utilisateurs. Ainsi, les laboratoires informatiques pourraient contenir des casiers de rangement pour entreposer les appareils numériques mobiles et pour recharger les piles de ces derniers. Somme toute, il ressort de façon évidente de la littérature l’importance de transformer l’organisation physique de l’école et de la salle de classe pour outiller les élèves à l’ère numérique au 21e siècle. Pour faire le virage, il convient qu’il serait déterminant que les nouvelles constructions d’école ou les rénovations prévues dans les écoles tiennent compte de ces réorganisations physiques. Toute démarche entamée, aussi infime soit-elle, serait déjà un grand pas en ce sens.
Le centre de ressources ferait également l’objet d’une refonte et pourrait devenir un espace de services et d’expertise qui tiendrait compte des nouveaux modes d’apprentissage et des outils technologiques nécessaires à leur application. Il pourrait offrir des postes de travail collaboratif et individuel branchés, puis fournir l’accès à des ressources multimédias comparables à des salons Internet.
Le tableau ci-dessous propose quelques stratégies auxquelles peuvent avoir recours les intervenantes et intervenants.