Un bon nombre de travaux de recherche rendent compte que les élèves sont plus aptes à apprendre lorsque l’enseignante ou l’enseignant les oriente dans leurs activités, en assurant un contexte où chacun développe une pensée créative.
Dans son livre Stratosphere (2013a, p. 24, traduction libre)122, Fullan relate le propos de Wagner au sujet du processus d’acquisition des savoirs : «ce que vous savez est beaucoup moins important que ce que vous pouvez faire avec ce que vous savez». Fullan (Ibid.) soutient que l’intérêt, l’autonomie et la possibilité de créer de nouvelles connaissances pour résoudre de nouveaux problèmes se révèlent parmi les compétences les plus importantes que doivent maîtriser les élèves du 21e siècle. Selon l’auteur, toutes les innovatrices et tous les innovateurs qui réussissent ont maîtrisé la capacité d’apprendre par eux-mêmes dans le moment présent, et ont pu appliquer ces connaissances dans de nouveaux contextes. Il souligne, par ailleurs, que la nouvelle pédagogie repose sur la motivation intrinsèque des élèves afin que ceux-ci s’investissent pleinement dans la résolution de problèmes authentiques présentant un défi, la prise de risques, la collaboration et la pensée créative.
Pour sa part, Fourgous (2012) fait observer que les enseignantes et les enseignants ayant le sentiment d’être plus performants sont aussi les plus créatifs dans leurs pratiques et les plus enclins à développer la créativité chez leurs élèves. En ce sens, ils réussissent à mieux motiver toute la classe. L’auteur ajoute que : «c’est à l’enseignant de trouver le domaine dans lequel l’élève est le plus à même de développer sa créativité» (Fourgous, 2012, p. 8)123.
«Le Conseil européen (2008, p. C141/17) incite ainsi depuis plusieurs années au développement de la créativité et de la capacité d’innovation des élèves : la créativité est la source principale de l’innovation, qui est considérée pour sa part comme étant le principal moteur de la croissance et de la création de richesses, un élément indispensable aux améliorations dans le domaine social et un instrument essentiel pour relever les défis qui se posent au niveau mondial, tels que le changement climatique, les soins de santé et le développement durable.»124
Pour sa part, le spécialiste écossais en médias numériques Ewan McIntosh125 favorise un processus centré sur le «Design Thinking» pour planifier l’enseignement et l’apprentissage. Il s’agit de privilégier le processus par rapport au contenu et de développer sa capacité entrepreneuriale, d’enquête, d’expression artistique et d’expression physique, tout en se montrant à l’aise avec l’ambiguïté. Il a par ailleurs souligné lors d’un entretien virtuel «l’importance de développer la capacité de l’individu à mener ou à gérer un processus sans en connaître la réponse, ni la question» (McIntosh, Ibid., traduction libre)126. Le processus de «Design Thinking» comporte cinq étapes qui peuvent s’appliquer autant à une planification de l’enseignement et de l’apprentissage qu’à une planification stratégique d’une école, d’un conseil scolaire ou d’un gouvernement. Ces étapes sont :
1. la découverte et l’empathie
● Reconnaître la problématique et les besoins des individus impliqués;
2. l’interprétation
● Comprendre et donner du sens à ce qui est appris;
3. l’idéation
● Identifier une piste de solution(s);
4. l’expérimentation et le prototype
● Avoir une idée ou une solution, la mettre en place et l’évaluer;
5. l’évolution
● Viser une amélioration continue.
Selon McIntosh (Ibid.), les enseignantes et enseignants du 21e siècle devraient privilégier l’apprentissage par la recherche et l’expérimentation du processus du «Design Thinking» et s’en servir comme outil pour favoriser leur propre créativité et celle des élèves par des projets innovants authentiques et des défis significatifs.
La prochaine partie vise à prendre en compte l’importance de connaître ses élèves.