vi. Développer son caractère vi. Développer son caractère a. Pratiques, approches et modèles préconisés a. Pratiques, approches et modèles préconisés

Recension des écrits

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4. NOUVELLE PÉDAGOGIE : UNE PÉDAGOGIE NOVATRICE

Selon Prensky (2012b)97, la nouvelle pédagogie consiste en une approche de partenariat entre les élèves et l’enseignante ou l’enseignant. L’auteur soutient l’importance de varier les pratiques pédagogiques de façon novatrice pour assurer la différenciation, pour alterner les moyens d’apprentissage utilisés et pour présenter aux élèves différentes manières de s’approprier un savoir. Ces pratiques pédagogiques novatrices peuvent prendre la forme du processus d’enquête, de la classe inversée et de l’apprentissage par problèmes où les enjeux présentent un défi fondé sur la réalité. Les cours en ligne et l’apprentissage hybride facilitent à leur tour l’appropriation des connaissances. D’ailleurs, il ressort de la littérature l’obligation pour tous les élèves de suivre au moins un cours en ligne durant leur cheminement scolaire afin d’acquérir un savoir-faire, par exemple, pour échanger dans un forum de discussion, pour émettre leurs idées en participant activement à un blogue et pour développer des stratégies efficaces d’organisation et d’apprentissage en s’autorégulant. Ces pratiques s’éloignent de l’enseignement magistral et redéfinissent les rôles des élèves et de l’enseignante et l’enseignant. Il convient de préciser, cependant, que l’enseignement explicite reste essentiel, mais vise dorénavant à reprendre un concept non maîtrisé ou encore à échanger en grand groupe sur un sujet commun.

L’approche d’accompagnement et de partenariat exige de la part des enseignantes et enseignants des interventions socio-psychologiques en vue de connaître et de mieux comprendre les élèves qui évoluent à l’ère numérique. Une telle approche permet de mieux différencier les enseignements selon les valeurs, les besoins et les capacités individuelles adaptés à chaque élève. Cette optique suppose que les élèves sont les principaux utilisateurs de la technologie, et ce, avant même l’enseignante et l’enseignant. Les interventions et approches en salle de classe devraient donc attribuer une place de choix aux élèves. Les dix aspects suivants ont notamment été tirés des ouvrages de Fullan, de Prensky, de C21 Canada, pour ne nommer que ceux-là, et sont mentionnés à titre d’exemples d’accompagnement et de partenariat à l’intention des enseignantes et enseignants.

  1. Relier ce qui est enseigné à solutionner des problèmes authentiques et significatifs.
  2. Aider les élèves à s’approprier davantage les compétences du 21e siècle en utilisant des outils technologiques pour interagir avec un plus grand auditoire.
  3. Faire participer les élèves dans la création d’activités afin de les inciter à devenir des partenaires dans leur apprentissage.
  4. Exploiter les outils technologiques des élèves afin qu’ils deviennent indissociables à l’apprentissage conformément au concept «d’apporter votre appareil numérique» à l’école.
  5. Avoir moins souvent recours à l’enseignement explicite pour permettre aux élèves d’explorer, de penser, de mettre les concepts et notions à l’essai, d’agir et de trouver des réponses et des solutions aux enjeux.
  6. Préconiser l’enseignement par les pairs et le travail de collaboration en présentiel et en mode virtuel (p. ex., tutorat, mentorat, élève expert de la matière, équipe) en privilégiant la transdisciplinarité.
  7. Donner le choix aux élèves plutôt que de leur imposer des activités de lecture, d’écriture ou de réalisation afin de privilégier un apprentissage personnalisé et différencié.
  8. Permettre aux élèves de devenir les principales utilisatrices et les principaux utilisateurs et responsables de la technologie en salle de classe et leur laissant du temps de réflexion pour poser des questions, construire du sens et créer à partir des trouvailles faites au moyen des outils technologiques.
  9. Faire régulièrement connaître les réussites d’apprentissage à l’aide des réseaux sociaux et des vidéos sur des sites Internet comme YouTube et TeacherTube.
  10. Exposer régulièrement les élèves au monde et aux différentes cultures en employant des logiciels gratuits et sécuritaires tels que Skype ou ePals.

Selon la littérature recensée, le partenariat à l’ère numérique doit également se développer avec les parents. Il faut toutefois, dans un premier temps, les renseigner à l’égard de la nouvelle pédagogie au 21e siècle. Ainsi, des rencontres d’information pourraient avoir lieu, par exemple, pour expliquer les pratiques pédagogiques privilégiées au quotidien, pour montrer comment les élèves collaborent virtuellement avec d’autres et pour démontrer de quelle manière les activités sont travaillées à partir d’un environnement infonuagique. Une fois renseignés, c’est alors qu’un réel partenariat avec les parents pourra s’installer afin que tous contribuent à la réussite scolaire des élèves.

Parallèlement, les enseignantes et enseignants peuvent se montrer vigilants et être à l’affût des approches novatrices et des outils technologiques de pointe afin de placer les élèves dans une position gagnante dans leur cheminement scolaire et professionnel, et ce, peu importe la matière. Pour atteindre ce résultat, il convient de faciliter le perfectionnement professionnel des enseignantes et enseignants, en leur offrant de la formation en contexte et de l’accompagnement individualisé et adapté à leurs besoins (Katz et Dack, 2013)98. En plus, pour que le perfectionnement professionnel entraîne un changement permanent, il convient, selon ces auteurs, de viser des progrès petits et pointus, soit des progrès à court terme et travaillés en profondeur.

Pour que les formations soient adaptées, de façon continue et contextualisée, les regroupements doivent varier afin de refléter les besoins des enseignantes et enseignants. En ce sens, les formations s’offrent parfois en plénière, en petits groupes homogènes, en équipe-école et en équipe par niveau scolaire. Le format doit également varier. Il se réalise, par exemple, par mentorat, par Skype, par vidéo, par tutoriel, par co-enseignement ou encore par la participation en personne ou en mode virtuel à une conférence. Il convient de rappeler que les enseignantes et enseignants et les conseils scolaires de l’Ontario accordent une importance déterminante au perfectionnement professionnel comme en fait foi le rapport Élargir le paysage et regarder plus loin : pédagogie, technologie et pratiques novatrices dans le monde numérique. Étude portant sur l’innovation locale dans les conseils scolaires de l’Ontario – phase 2 (Curriculum Services Canada, 2013)99. Nombreux de ces projets pilotes réalisés en province dans ce rapport portent sur le perfectionnement professionnel et visent à outiller les enseignantes et enseignants d’un savoir faire afin de poursuivre leur cheminement dans le virage du 21e siècle.

À l’ère du numérique, enseigner et apprendre appartiennent à la théorie connectivisme qui demande d’être en constante interaction avec les autres et d’être branché sur le monde. En ce sens, les élèves en réseau sont exposés à de l’information non seulement spécialisée, mais aussi mise à jour spontanément sur une base continuelle (Siemens, 2012)100. En pratique, ils doivent être actifs dans leur apprentissage en établissant, avec aisance, les connexions nécessaires pour approfondir les connaissances essentielles à toutes les citoyennes et tous les citoyens engagés dans leur communauté. Une ouverture de la part des élèves à s’ajuster et s’engager dans un processus parfois incontrôlable doit faire partie de leur capacité. Ainsi, étant donné que les nouvelles informations s’accumulent en rafale sur une base quotidienne, il se pourrait que les élèves prennent des décisions mûrement réfléchies une journée, puis doivent se réajuster le lendemain suite à une actualisation des informations. À partir de ce constat, la théorie connectiviste précise que les élèves doivent apprendre à se garder à jour dans une variété d’environnements de savoirs disponibles pour être informés de façon juste dans le moment présent. Ils doivent être branchés, c’est-à-dire réseautés, interagir avec les autres, s’inspirer de la diversité des opinions et des sources de renseignements pour acquérir des connaissances, puis distinguer les informations véritables et importantes, de celles erronées ou non-valables.

Le modèle Substitution Augmentation Modification Redéfinition (SAMR)101 de Puentedura (2014) s’avère une référence théorique importante sur le plan de l’intégration efficace des technologies dans l’enseignement et l’apprentissage à l’ère numérique au profit de l’engagement des élèves dans leur acquisition du savoir. Le modèle SAMR vise considérablement plus qu’une amélioration des pratiques en utilisant des outils technologiques, soit en substituant le savoir-faire traditionnel par l’utilisation des technologies ou encore en augmentant le nombre d’outils technologiques pour faciliter la réalisation d’une activité. L’objectif proposé par l’auteur du modèle SAMR s’inscrit plutôt dans une transformation complète des pratiques, c’est-à-dire en modifiant l’étape de production où la réalisation de l’activité exige l’emploi de la technologie. Le but ultime du modèle est d’intégrer pleinement les technologies dans l’enseignement et l’apprentissage. Ainsi, la redéfinition des stratégies d’apprentissage vise la création de nouvelles activités autrefois inconcevables sans la technologie. À titre d’exemple, un élève pourrait communiquer par le Web et collaborer avec un élève en France et un deuxième en Alberta pour analyser et comparer les perspectives de carrière envisagées par d’autres élèves du même âge. L’élève pourrait ensuite partager ses résultats à une clientèle cible à partir d’une variété riche d’outils technologiques de son choix en respect aux objectifs d’apprentissage visés.

Pour reprendre, les élèves doivent devenir des autoapprenantes et autoapprenants capables de s’ajuster et s’organiser efficacement, se former de façon spontanée pour répondre aux besoins dans l’immédiat, être à l’affut des plus récentes informations, puis faire des liens à partir d’une pluralité de sources d’informations afin de créer et même de prévoir la suite des informations efficientes.